Extincteurs sans fluor : écologiques ou greenwashing ?
Ces dernières années, les discussions autour des produits chimiques dits « polluants éternels », comme les composés fluorés (y compris les PFAS), ont pris de l’ampleur. Utilisés dans divers produits industriels, les composés fluorés sont nocifs pour la santé humaine et l’environnement. En conséquence, des extincteurs sans fluor ont vu le jour.
Est-ce que les extincteurs sans fluor sont réellement écologiques ?
1. Rappel sur les composés fluorés
Les composés fluorés, tels que les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées), se retrouvent dans les moyens de lutte contre l’incendie, pour leurs propriétés résistantes aux hautes températures, à l’eau et à l’huile. Cependant, ces mêmes qualités les rendent problématiques :
- Persistance environnementale : les PFAS ne se dégradent pas facilement dans l’environnement, s’accumulant dans les sols, les eaux et les chaînes alimentaires.
- Risques pour la santé : exposition prolongée liée à des troubles hormonaux, immunitaires et des cancers.
- Contamination des ressources naturelles : les mousses à base de PFAS ont contaminé de nombreux réservoirs d’eau potable dans le monde.
2. Analyse des extincteurs sans fluor
Face à ces préoccupations, des extincteurs sans fluor ont été développés. Ces nouveaux produits utilisent des émulseurs qui ne contiennent pas de PFAS, mais quid de leur efficacité et leur impact global ?
- Efficacité : les extincteurs sans fluor sont performants pour certains types d’incendies, mais leur efficacité peut être moindre face aux feux d’hydrocarbures ou d’autres substances chimiques.
- Émissions liées à la fabrication : ces alternatives nécessitent souvent des processus de production complexes, qui peuvent générer une empreinte carbone importante.
- Substituts chimiques : il faut porter une attention particulière aux composés utilisés à la place des PFAS pour s’assurer qu’ils n’introduisent pas de nouveaux risques.
LA COMPOSITION DES EXTINCTEURS SANS FLUOR
Les extincteurs écologiques utilisent souvent des composés tels que les tensioactifs, les glycols et les polymères pour améliorer leur efficacité tout en réduisant leur impact environnemental. Cependant, chacun de ces éléments a des implications environnementales qu’il est utile d’examiner.
Les tensioactifs
Définition : les tensioactifs (agents de surface) permettent d’améliorer la dispersion des agents d’extinction dans les incendies.
Les tensioactifs non fluorés, plus couramment utilisés dans les extincteurs écologiques, sont généralement biodégradables. Cependant, leur dégradation peut parfois consommer beaucoup d’oxygène, pouvant nuire aux écosystèmes aquatiques (eutrophisation). Leur impact sur l’environnement dépend de leur biodégradabilité et de leur toxicité pour les organismes aquatiques.
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Les glycols
Définition : les glycols, comme le propylène glycol ou l’éthylène glycol, permettent de réduire le point de congélation ou comme solvants.
Le propylène glycol est considéré comme peu toxique et est largement utilisé dans des applications alimentaires et pharmaceutiques.
Cependant, l’éthylène glycol, en revanche, est toxique pour la faune si déversé en grandes quantités dans l’environnement. Il peut également entraîner une consommation accrue d’oxygène dans l’eau lors de sa dégradation, contribuant à une baisse de la qualité de l’eau.
Les deux composés sont relativement biodégradables mais peuvent poser des problèmes locaux en cas de déversement important. Les glycols utilisés dans les extincteurs écologiques sont souvent choisis pour leur faible toxicité, mais des précautions restent nécessaires pour éviter une contamination directe des sols ou des cours d’eau.
Les polymères
Définition : les polymères sont utilisés pour épaissir ou stabiliser les agents d’extinction.
Les polymères biodégradables, comme ceux à base de polysaccharides ou de bioplastiques, ont un impact limité et se décomposent naturellement.
Toutefois, les polymères synthétiques peuvent être plus problématiques s’ils ne sont pas biodégradables. Ils peuvent s’accumuler dans l’environnement sous forme de microplastiques, avec des effets potentiels sur la faune et les écosystèmes aquatiques.
Certains polymères peuvent également avoir des additifs qui augmentent leur efficacité mais posent des risques environnementaux.
Les polymères biodégradables sont donc préférables pour minimiser l’impact environnemental, mais tous ne sont pas sans conséquence.
LE CYCLE DE VIE DES EXTINCTEURS SANS FLUOR
Pour comprendre si les extincteurs sans fluor sont véritablement écologiques, il faut également examiner leur cycle de vie complet :
- Fabrication : la production des alternatives implique des matières premières et des processus industriels qui peuvent être énergivores.
- Transport : si les alternatives sont produites dans des zones spécifiques, leur transport sur de longues distances peut augmenter leur impact environnemental.
- Utilisation : bien que performants dans certaines conditions, une moindre efficacité des extincteurs pourrait entraîner des dégâts accrus et indirectement un impact environnemental plus élevé.
- Fin de vie : les extincteurs sans fluor nécessitent des infrastructures de recyclage ou de traitement spécifiques qui ne sont pas toujours disponibles.
3. extincteurs sans fluor : une vraie solution
écologique ?
Les extincteurs sans fluor ne sont pas la solution écologique parfaite que l’on pourrait espérer. Bien qu’ils éliminent les impacts désastreux des PFAS, ils introduisent de nouveaux défis, notamment en termes de production, d’efficacité et de gestion en fin de vie. En réalité, leur adoption peut être perçue comme une amélioration relative mais non absolue.
Dire qu’un extincteur sans fluor est « écologique » dépend largement de la définition adoptée. Si l’on entend par là une réduction des risques environnementaux à long terme, alors ils représentent une avancée. Cependant, si on s’attend à une solution sans impact, cela reste une illusion !
La véritable question n’est pas seulement d’éliminer les composés fluorés, mais de concevoir des systèmes de lutte contre les incendies qui soient efficaces, durables et respectueux de l’environnement dans leur ensemble. Pour l’instant, les extincteurs sans fluor constituent une étape, mais pas encore une fin en soi. La recherche, l’innovation et l’amélioration continue sont essentielles pour transformer cette transition en un succès global et véritablement écologique.
À retenir
En conclusion, bien que les extincteurs sans fluor apportent une avancée significative dans la réduction de l’impact des composés fluorés, toutefois, ils ne s’agit pas d’une solution parfaite. Leur adoption nécessite une évaluation complète du cycle de vie, une recherche continue pour améliorer leur efficacité et des infrastructures adaptées pour leur gestion. Ils représentent une transition nécessaire, mais leur impact environnemental global dépendra des efforts combinés de l’industrie, des régulateurs et des utilisateurs finaux.
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