Les risques incendie des séchoirs à grains

L’automne 2024 a été marqué par une augmentation significative des incendies de séchoirs à grains. 32 incidents ont été recensés entre octobre et novembre, soit une hausse de plus de 50% par rapport aux années précédentes. Cette problématique inquiète de plus en plus les agriculteurs et exploitants. L’accumulation de poussières, la mauvaise gestion de l’humidité des grains ou un manque d’entretien des installations sont les causes principales des incendies dans les séchoirs à grains.

Quelles solutions permettent de réduire drastiquement le risque d’incendie
dans les séchoirs à grains ?

1. Une hausse des incendies dans les séchoirs à grains

Les séchoirs à grains sont essentiels pour assurer la conservation des céréales et oléagineux avant stockage. Cependant, ces équipements combinent plusieurs facteurs de risque :

• Matières combustibles (grains, poussières, résidus de culture)
• Sources de chaleur (brûleurs, conduits d’air chaud)
• Ventilation et circulation d’air favorisant la propagation du feu

Plusieurs éléments expliquent l’augmentation des incendies dans les séchoirs à grains ces dernières années.

DES CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES PLUS HUMIDES

Les récoltes de 2024 ont été marquées par une forte humidité, augmentant le besoin de séchage des grains. Les grains plus humides nécessitent donc un séchage prolongé, ce qui accroît le risque d’auto-échauffement et de formation de points chauds dans la colonne sécheuse. Ce phénomène favorise l’apparition d’incendies, surtout lorsque le matériel est mal entretenu.

ACCUMULATION DE POUSSIÈRES ET DE RÉSIDUS

Le fonctionnement des séchoirs génère une grande quantité de poussières et de particules fines. Si ces résidus ne sont pas régulièrement éliminés, ils peuvent s’accumuler dans les conduits, les caissons d’air et autour des brûleurs. En présence de chaleur et d’un flux d’air continu, ces poussières peuvent facilement s’enflammer et propager un incendie.

MANQUE D’ENTRETIEN ET DE SURVEILLANCE

Les entretiens insuffisants des équipements causent de nombreux incendies. Les filtres, ventilateurs et brûleurs se nettoient régulièrement pour éviter l’accumulation de matière inflammable. De plus, certains exploitants ne disposent pas de systèmes de surveillance adaptés pour détecter les hausses anormales de température et prévenir un départ de feu.

MAUVAISE GESTION DES STOCKS ET DES FLUX DE GRAINS

Le préstockage de grains humides avant séchage est une pratique courante mais risquée. Lorsque les grains humides restent trop longtemps, ils peuvent fermenter et dégager des composés volatils inflammables. De plus, les mélanges de lots avec des taux d’humidité hétérogènes peuvent créer des bouchons dans la colonne sécheuse, favorisant les points de surchauffe.

SOUS-ESTIMATION DES RISQUES PAR LES EXPLOITANTS

Malgré les recommandations de sécurité, certains exploitants ne prennent pas toujours en compte l’importance des bonnes pratiques. L’absence de protocoles rigoureux pour l’entretien, la surveillance et la gestion des grains peut entraîner une augmentation des incendies. De plus, certains silos et séchoirs sont anciens et ne disposent pas des dernières technologies de détection des surchauffes.

2. Prévenir les risques d’incendie dans les séchoirs à grains

Afin de prévenir les risques d’incendie dans les séchoirs à grains et permettre une intervention efficace en cas de début d’incendie, plusieurs mesures organisationnelles et techniques doivent être mises en place par les exploitants.

1. DES MESURES ORGANISATIONNELLES

• Nettoyage régulier des séchoirs : nettoyer les résidus de poussière et d’impuretés après chaque cycle de séchage. En période humide, un nettoyage hebdomadaire est nécessaire.
• Maintenance régulière : vérifier les équipements, contrôler et entretenir les brûleurs et les ventilateurs.
• Formation du personnel : les collaborateurs connaissent les diverses procédures de mise en route, d’arrêt et d’intervention en cas d’incendie.
• Vérification du bon fonctionnement des dispositifs de sécurité (sondes, alarmes, systèmes de vidange rapide).
• Gestion des stocks : planifier les moissons pour éviter l’accumulation excessive de grains humides et limiter les pré-stockages avant séchage pour éviter l’auto-échauffement.
• Mise en place d’une procédure de mise en sécurité : l’arrêt des brûleurs, des ventilateurs et de l’alimentation en grains est à intégrer dans une procédure claire : fermeture du gaz et surveillance jusqu’à l’intervention des secours en cas d’incident.

2. DES MESURES TECHNIQUES

• Éloignement des séchoirs des cellules de stockage et des voies de circulation pour limiter la propagation du feu.
• Respect des recommandations des fabricants en matière de réglage des températures, du débit d’air et de la gestion des cycles de séchage.
• Installation des sondes de température pour surveiller l’air usé et détecter toute surchauffe (une sonde pour 4 m² de surface verticale de la colonne sécheuse est une bonne pratique).
• Maintenance régulière des alarmes et des systèmes de détection en privilégiant leur acquittement en pied de séchoir pour une levée de doute humaine rapide.
• Prévoir des dispositifs d’intervention adaptés : accès facilités pour les pompiers, colonnes sèches, système d’aspersion d’eau fixe et dispositif de vidange rapide.